LEFT THREE DAYS — Remissa Mak
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16 x 21,3 cm / 32 pages / juillet 2019
isbn : 978-2-35137-274-6
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Remissa Mak est né le 5 septembre 1970 à Phnom Penh. Après avoir étudié à l’Université Royale des beaux-arts, où il s’est spécialisé en photographie, il est devenu photographe indépendant. Il collabore alors avec le quotidien francophone Cambodge Soir et, depuis 2006, est correspondant de l’agence de presse EPA. En parallèle à son travail journalistique, il développe des travaux personnels, petits contes philosophiques mis en images, souvent voués à des thèmes en lien avec la nature et servis par l’exigence de son approche de la couleur. Il a exposé en France, à Singapour, au Japon, en Corée, en Australie, au Myanmar, aux Pays-Bas, en Espagne, au Royaume-Uni, en Suisse et bien sûr au Cambodge. Remissa Mak est considéré comme le plus grand photographe khmer de sa génération et a influencé et formé de nombreux jeunes qui sont devenus des acteurs de la scène photographique du pays. Excellent pédagogue, il donne de nombreux ateliers, au Cambodge et à l’étranger. Remissa Mak est membre d’Asia Motion depuis 2010.
Comme d’autres Cambodgiens, certains membres de ma famille sont morts assassinés, de la famine, du travail forcé et de la torture sous le régime des Khmers rouges. La plupart de ceux qui ont survécu au régime ne souhaitent pas évoquer des souvenirs aussi douloureux ni même essayer de s’en souvenir, pour éviter une souffrance émotionnelle continue. En conséquence, l’histoire du génocide qui a eu lieu entre 1975 et 1979 au Cambodge s’est peu à peu estompée dans l’esprit des gens, comme une fumée emportée par le vent. Nous, Cambodgiens, ne voulons pas qu’un événement aussi tragique et douloureux se reproduise dans notre mère patrie. C’est pourquoi, afin que les générations futures puissent connaître notre histoire et qu’elle ne disparaisse pas avec le temps, il est important de réconcilier les victimes dans l’optique de réparer leurs souvenirs fragiles et leurs souffrances émotionnelles. « Left three days » (« Partir trois jours ») est une expression clé pour rappeler des souvenirs de mon enfance à cette époque. En particulier le 17 avril 1975, lorsque les troupes des Khmers rouges ont pris le contrôle et occupé la capitale, Phnom Penh. Ce jour-là, on entendait des coups de feu qui déchiraient les oreilles sur des kilomètres autour de la ville. Un frisson me parcourait la colonne vertébrale à chaque coup de feu. Les soldats vêtus de noir – la plupart était très jeune - ont ordonné à tous les habitants de quitter leur domicile pendant trois jours, même les patients devaient quitter les hôpitaux sans aucune information précise. Ma famille s’est cachée dans notre maison pendant une nuit en espérant que la situation changerait. Mais à notre grande consternation, la capitale, jadis si vivante et riche en vie, est devenue une ville fantôme. Conformément aux ordres, tout le monde a été expulsé de la capitale. Les seuls êtres humains qui restaient étaient les troupes des Khmers rouges qui allaient de maison en maison à la recherche des personnes restantes. En raison de l’aggravation de la situation, mon père a décidé de quitter Phnom Penh le lendemain.
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